vendredi 27 avril 2018

Moïse : un seul être vous manque et tout est dépeuplé

Hommage des Corsica Potes à Jean-Marie

Moïse : un seul être vous manque et tout est dépeuplé
Après avoir traversé la mer rouge, les plaines, les hameaux, les forêts, les étangs, la Sablière, la Morinière, les bois, le PMU, les monts coûtants, les moutiers où chantent les merles, les campagnes fleuries remplies de michons, les cols, les montagnes, les torrents, les vallons, les lacs, à vélo, en marchant, en courant, à l'aide de son baton, jamais combattu, jamais abattu, souvent courbatu, voire parfois têtu, il conduisait, il guidait, il orientait, il conseillait, il organisait, il se démenait pour que son peuple, en l'occurrence ses amis, ses copains de l'ASPTT et d'ailleurs, sa femme et ses enfants, au son de la cloche s'il fallait au besoin les booster, atteignent la terre promise et le bonheur à coup sûr.
Moïse, tu ne faisais rien à moitié, y compris à Moutiers.
Moïse, tu ne comptais pas ton amitié, et pas qu'à Moutiers.
Mais dans le désert, tu as reçu de Dieu un onzième commandement, que nous ne connaissions pas, que nous ne comprenons sans doute pas, une loi qui permet aux femmes et hommes qui t'aimaient de vivre ensemble, encore, mais sans toi ...

Vivants, vivants, n'est-ce pas Maxime ?

Moïse, nous te devons tant et nous n'avons pas su te le rendre.

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un œil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Fallait-il en parler ? Fallait-il faire comme si de rien n'était ?
Impossible ! Jean-Marie, Yo et leurs enfants ne m'en voudront certainement pas.
Il fallait réagir. Comment ne pas écrire, difficile d'être à la hauteur de tes mots, de tes jeux de mots, de ton humour, de ton amour pour les gens et pour cette nature que tu rendais belle et grandiose ? Tu nous as tous appris des tas de choses en la matière.
Ce matin, à Sainte Néomaye, à la sortie en commun d'une petite partie de tes potes de Run In Niort et Corsica Potes mélangés, pendant la balade ou après, tu as été l'objet de nos maux.
Tu fus présent dans les esprits, dans les jambes, dans les coeurs. Tes oreilles ont dû siffler, les chemins avaient un goût amer.

Tu n'as pas fini de faire partie des sorties, des réunions, des tournées de bière, des sourires, des rires. Vivant, vivant ...

La photo ci-dessous était l'occasion de boire à ton souvenir, à toi, sans toi. Même si les prétextes ne manquent jamais, la bière des copains de ce matin était adressée à celui qui en a tant partagé avec nous, et tout le reste.
Pour que tu ne manques rien, et dans un style maintes fois partagé, je vais te narrer la sortie de ce matin.
Moïse : un seul être vous manque et tout est dépeuplé

Nous n'avions pas plusieurs courses pour un seul but.  

Ce matin, nous n’avions pas le choix dans la date. Les mecs et moi habitions nos gîtes, nous avons commencé par ouvrir une bouteille de vin blanc bien frais pour boire à ta santé, c’est une fine appellation, nous avons toujours aimé avoir le goût du blanc dans la bouche avant le départ d’une sortie trail. Quelques temps après, nous voici dans le bus qui nous emmène à Sainte Néomaye, ça pue dans le car, deux femmes âgées fument à coté de nous, ces dames nous dérangent, le reste du voyage se passe sans encombres.  

Arrivés sur le lieu du départ, nous apercevons des tentes à foison, nous faisons la queue pour les dossards, ensuite direction le premier ravito, je vois le cuisinier, qui a des canards sur le feu, couper les nouilles au sécateur, chouette, je vais me faire des nouilles encore, il me dit : " goûtez les flancs, goûtez nos farces, nous avons aussi des petits pois pour dîner ", nous décidons de manger par petit groupe car il faut être peu pour bien dîner.  

Il nous faut avoir le courage du but, il faut repartir, on entend le cri d’une population, nous pensons à l'ultra-trail, le goût de Mont Blanc, il faut aimer le sport en ferme, nous avons le sang qui bout.  

Les kilomètres s’égrènent, le vent est trépidant et les bancs sont vidés, les joues semblent cuire, nous passons de la crête à l’abîme, nous arrivons à un autre ravito où nous voyons deux carrioles sans mulets, dans lesquelles étaient entassées des piles de boites et une cuvette pleine de bouillon, une bénévole me tend un bol de soupe et me dit : " voulez vous boire ça vite " et rajoute " courez mon bon ", je m’exécute et repars aussitôt.  

Arrivé à St Martin de St Maixent, je vais voir les soigneurs car j’ai mal aux pieds, la podologue me mouille les cors et s’est souillée les mains, me met de la pommade et me dit « essuie ça vite et bien », je compte les fils et les ampoules et je gémis sans lutter, j’aperçois mes copains un peu plus loin, ils en perdaient leur belle mine, je vais les voir et leur dis qu’il est bon de ne pas se quitter car il y a si peu de mecs pour faire l’équipe. Nous repartons donc ensemble, la mine piteuse, la lutte me dépasse, nous longeons la berge du ravin. Pour moi il n’y a qu’une course, qu’un but, finir. Il nous faut maintenant courir sur le mont. De plus mon Kamelbak me joue des tours, des bulles sortent de la valve, trop tard, la valve a fumé.  

Bien plus tard, nous sommes de retour à Sainte Néomaye, nous avons du tracas jusqu’au cou, la pluie est là, elle mouille les corps, je gémis de froid, les côtes me font mal aux cuisses, mes crampes me font bouder, moi qui ai l’habitude de courir sur des sites sans bosses. Nous n'avons plus de forces, nous nous asseyons sur un rocher, ce roc est plein de confort,  des danseuses avec de pétillantes fripes nous accueillent.  

J’espère ne pas avoir fâché le lecteur.  

Un coureur de fond, assureur fou du malus.

Rassure-toi, nous n'avons pas trop abusé de la bière des copains, à la tienne, sinon nous serions devenus ivres, voire complètement Soussou. Nous te devions bien ça.
Moïse : un seul être vous manque et tout est dépeuplé

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